J'écris ce blog pour faire connaître mon sport - ma passion - à tous. Certaines sections s'adressent surtout aux débutants, comme la rubrique "Gestuelle et techniques d'escalade", d'autres relatent mes voyages ou bien les dernières compétitions auxquelles j'ai participé ou assisté. N'hésitez pas à me laisser vos commentaires!

mardi 6 novembre 2012

En vrac

Here's a little message for Dave and Leanna. You guys have been very kind to let me know you were looking at my blog even though you could not understand most of it. I am sorry, I gave up writing in English since it's not my first language, but I appreciate that you still try to grasp some of it. Also, since I don't have a camera anymore or a handy cameraman, this post doesn't have any pictures, but it was meant to be a special thanks to all those great climbers I see at the gym day and motivate me to write. Enjoy!

_______________________________________

Ça y'est, me voilà encore à écrire après m'être dit que j'allais arrêter. Ça semble être une habitude, une sorte de cycle chez moi. Comme toujours, j'ai plein de bonnes excuses pour expliquer pourquoi je n'ai rien écris depuis mon voyage en Grèce, il y a quatre mois, mais je crois que la vérité est encore bien plus simple: je souffre d'une certaine lâcheté ou paresse qu'on appelle communément la procrastination.

J'ai bien commencé quelques billets, lancé une ou deux idées ça et là, mais elles ne me plaisaient pas assez finalement pour les publier. Puis, comme je grimpais de moins en moins pour me préparer pour mon demi-marathon, il me semblait moins pertinent de parler d'escalade... Bref, des excuses, toujours des excuses.

Alors qu'est-ce qui m'amène à écrire aujourd'hui, même si je n'ai ni photos ni anecdote croustillante? Cela va sembler étrange, mais c'est peut-être toi qui me lis en ce moment. En effet, quand on écrit, on pense toujours que personne ne nous lit. Il y a beaucoup d'angoisse inutile, de questionnements. On se demande si ce qu'on écrit est pertinent, intéressant, si les gens ne trouvent pas cela complètement ridicule.

Et là, depuis un mois, j'ai recommencé à aller au gym. Comme toujours, les sempiternels : "Où étais-tu?", "Ça fait longtemps qu'on ne t'as pas vu!", "Grimpes-tu encore?", "Tu reviens de la Grèce"? (héhé, oui, depuis quatre mois!) m'attendais; toutes ces petites attentions qui nous rappelle que la communauté est si chaleureuse et si "tricotée serrée" dans notre beau pays de neige. Ça console un peu de savoir que les longs mois d'hiver ne seront pas solitaires, mais entourés de grimpeurs motivés et sympathiques.

Puis, quelques personnes m'ont rappelé que j'écrivais un blogue et qu'elles le lisaient! Wow! Je dois avouer que cela m'a fait chaud au coeur, surtout venant d'inconnus ou de quasi inconnus qui sont venus me voir comme ça au gym (en passant, c'est toujours très apprécié). Alors, c'est clair, mon égo en a eu pour son argent; j'ai eu un peu de mal à passer le cadre de porte, mais bon, ça m'a motivé, c'est clair! .

Par contre, pour une fois, je vais essayer de faire ça court - même si ce n'est pas tellement mon genre. Alors voici, en vrac, mes réponses à toutes les questions que vous m'avez posées ou me poserez dans les prochaines semaines :

- La Grèce était magnifique, mais je dois l'avouer, déjà loin dans mon coeur. La routine a franchement  repris le dessus.
- Je n'ai pas arrêté de grimper, mais j'ai tout de même ralenti le rythme au cours de l'été, histoire de pouvoir relever le défi du demi-marathon, qui en était un de taille pour moi. Résultat: 2 h 04. By the way, j'en suis très satisfaite.
- Je n'ai pas grimpé au gym pendant 5 mois, alors c'est normal que vous ne m'ayez pas vue; j'allais quand même dehors une ou deux fois par semaine, dès que je pouvais.
- Malgré le peu de grimpe, j'ai eu, je crois, ma meilleure saison côté "enchainement" de voies. J'ai finalement dépassé la barrière mentale du 5.12 que je m'étais posée à mes tout-début en escalade (maintenant j'arrive à les enchainer au lieu de juste faire tous les mouvements, un gros bon pour moi).
- Oui, je crois que la course m'a aidé pour l'escalade, parce que ma grosse faiblesse était l'endurance et le cardio. En plus, ça travaille les jambes et les abdos, et je sens que la course me donne un petit plus sur le plan de l'énergie qui m'aide à terminer les voies. Par contre, après le demi-marathon, j'ai dû mettre deux semaines à un mois pour retrouver la forme.
- Oui, j'ai envie de reprendre les compétitions cette année, mais je ne veux pas me blesser et me pousser autant qu'avant. J'apprends avec les années à me ménager, et c'est très agréable!
- En effet, j'habite toujours en Outaouais, et la communauté de grimpeur y est vraiment géniale. Non, ce n'est pas plate ici, en tout cas, pas pour le plein air et le sport. C'est sûr que pour les bars, c'est autre chose... À part le P'tit Chicago et le Caliente (pour danser la salsa), ce n'est pas la mer à boire. Malgré tout, j'y trouve mon compte.

Alors voilà! J'espère que j'ai répondu à toutes vos questions! Au plaisir de vous revoir au gym cet hiver!

mardi 7 août 2012

Escalade aux Olympiques et Coupe du monde à Toronto?

Je suis une grande fan des Olympiques. Hiver comme été, je me rive devant l'écran ou devant mon ordinateur pour regarder les athlètes, les statistiques, les performances. Je deviens très émotive lorsque je vois un Canadien - et encore plus un Québécois ou une Québécoise - remporter une médaille d'or.

Dès mon plus jeune âge, je regardais cet événement international d'envergure. Je me rappelle de la médaille gagnée par Ben Johnson au 100 mètres, pendant les Jeux de Séoul (1988 : j'avais à peine cinq ans), et de la honte qui s'en est suivie du fait de son résultat positif au test de dopage. Huit ans plus tard, c'était le Canadien Donavan Bailey qui répétait cet exploit : courir le 100 mètre en moins de 10 secondes et battre le record du monde de l'époque, aux Jeux d'Atlanta. Double médaillé d'or au 100 m individuel et au 4 fois 100 mètres en équipe. J'avais peur que le scandale de 1988 se répète, mais ce n'était pas le cas. Bailey était simplement exceptionnel, et j'étais très fière de mon pays.

Le sport est source de fierté, de motivation, d'estime de soi. Il donne des ailes. Évidemment, il nous remet aussi souvent en question, et peut s'avérer source d'angoisse ou d'inquiétude, mais il faut savoir canaliser cette énergie et profiter de la confiance que nous apporte une réussite pour repousser encore plus les limites. Le sport, c'est le dépassement de soi à l'état pur. La réalisation ultime de ce dont la machine humaine est capable.

En regardant la nage synchronisée ce matin, je me demande s'il ne serait pas plus intéressant de voir une compétition de bloc ou de voies. C'est bien beau les jupettes et les pirouettes, les jambes qui se balancent dans les airs en synchro et les sourires forcés, mais est-ce que le public préfère vraiment cela à des athlètes qui affrontent les hauteurs, le vertige, la chute? À des mouvements fluides, controlés, mais ô combien puissants et forts?

Apparemment, l'escalade a été acceptée à titre provisoire en tant que sport qui "pourrait" se qualifier comme sport Olympique. Le nombre de discipline étant déjà suffisamment élevé aux Jeux d'été, il faut qu'un sport se retire pour qu'un nouveau apparaisse. L'escalade devrait donc, techniquement, être en démonstration en ce moment à Londres, mais on n'en entend pas du tout parler. J'en suis bien déçue. J'ai fait quelques recherches avec divers mots-clés, mais je ne trouve rien du tout. Rien, niet, nada.

Pour que le sport se qualifie aux JO, il faut qu'il soit régit par un organisme international qui démontre l'existence de réseaux de compétition bien établis, la présence de nombreux athlètes de haut calibre et provenant de divers pays, des règles claires et le respect de l'éthique des JO (par exemple au moyen de tests antidopage).

Au Canada, nous ne sommes pas encore très bien organisés, sur le plan de la structure et des circuits de compétition. Les compétitions d'escalade sont un phénomène assez peu connu, tout comme le sport en soi. En France, en Espagne ou en Autriche, c'est une autre histoire. Ces pays accueillent nombre de Coupe du monde de difficulté (voies), de bloc et de vitesse chaque année, événements qui reçoivent suffisamment de visiteurs, d'après ce que je peux voir en "livestream" sur le Net.

Malgré tout, le Canada, avec son seul véritable champion d'envergure internationale, Sean McColl, a une certaine visibilité. Nous avons tenu notre première Coupe du monde de bloc à Canmore l'an dernier, et Toronto tente à présent de réitérer l'expérience. D'ailleurs, le comité doit amasser 10000$ pour être sanctionné par le comité international et pouvoir s'appeler une "Coupe du monde". La campagne de financement, qui dure depuis 20 jours, a permis de récolter 8750$ à ce jour (5 août 2012). Il en manque très peu, mais la plupart des dons ont été fait dans les premiers jours. Depuis, le chiffre augmente au compte-goutte. J'ai tout de même confiance qu'un sprint de dernière minute permettra de combler le dernier dixième.

Pour faire un don, visitez le http://www.indiegogo.com/TorontoWorldCup?c=activity
Vous pouvez donner le montant que vous voulez, et à partir de 30$, vous recevez en échange des "cadeaux" assez alléchants, dont un abonnement d'un an à Gripped avec un simple petit don de 30$.

Pourquoi devrions-nous tenir une Coupe du monde? Et d'ailleurs, sommes-nous prêts à le faire? C'est ce que me faisait remarquer un ami bien engagé dans l'organisation de compétitions au Québec. Selon lui, notre circuit de compétition n'est pas encore assez solide, et nous devrions mettre plus d'énergie à solidifier nos compétitions locales et nationales et à former les jeunes, plutôt que de dépenser des fortunes pour accueillir un événement auquel, au bout du compte, peu de Canadiens peuvent accéder.

Soit, c'est un argument valable, mais j'ai une opinion différente. Je n'ai pas le niveau pour participer à des compétitions internationales, et je ne l'aurai peut-être jamais, mais j'adorerais prendre part à la Coupe qui AURA lieu à Toronto. À titre de participante ou de bénévole, peu importe. D'abord et avant tout, ce genre d'événement est motivant et excitant. Si je sais qu'il y aura une compétition importante près de chez moi, j'aurai bien plus envie de m'entraîner et d'y participer. Plus elle est loin, plus je vais hésiter. De grandes manifestations de la sorte donnent aussi de la visibilité à notre sport. Peu de gens savent qu'il y a des compétitions d'escalade. Encore moins de gens comprennent comment elles se déroulent et quelles en sont les règles.

Toronto est une ville centrale et compte une forte population. Beaucoup de bons grimpeurs y habitent, et de nombreux gyms d'escalade de qualité parsèment la ville : une autre raison qui pourrait assurer le succès de l'événement.

Les différentes disciplines : un résumé


Pour ceux qui ignorent comment se déroulent les compétitions d'escalade, voici un petit résumé des diverses disciplines.

La difficulté

Il s'agit, à mon avis, de la discipline reine. Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l'escalade, vous imaginez des gens au bout d'une corde, en hauteur, se déplaçant telles des araignées le long d'une paroi. L'escalade sportive est le type d'escalade le plus pratiqué et le plus instinctif pour la plupart des gens.

Maintenant, n'allez pas me demander si c'est celui qui se rend en haut le plus vite qui gagne, je vous répond tout de suite : non. Ce n'est pas une compétition de "vitesse", mais bien de "difficulté". C'est en fait celui qui se rend "le plus loin" dans un parcours prédéfini.

Tous les athlètes doivent tenter de compléter la même voie, qui devient de plus en plus difficile à chaque mouvement, de manière progressive et graduelle. Ils n'ont jamais fait ce parcours dans le passé et ne peuvent donc pas pratiquer préalablement les mouvements qu'ils auront à exécuter. En terme technique, on appelle cela un "à vue" (on sight).

Le meilleur athlète est celui qui touchera, maîtrisera ou se déplacera sur la prise la plus élevée. On pourrait croire que tous les athlètes devraient se rendre au même endroit, mais ce n'est pas le cas. Chacun a son style, ses forces, ses faiblesses. Le stress, la fatigue, la lecture de voies peuvent jouer pour soi ou contre soi.

Il est d'ailleurs très rare qu'une personne termine le parcours, et encore plus rare que deux personnes réussissent à en enchaîner tous les mouvements. Pourtant, c'est arrivé l'an dernier, et une nouvelle règle - de temps cette fois-ci - s'est ajoutée. Si deux personnes sont à égalité, le temps permettra de trancher du gagnant. Autrement, le temps n'est pas pris en compte.

Le bloc


Le bloc est la discipline qui connaît le plus grand engoument. Sa pratique, simple, facile et accessible, en fait un sport de choix. Le matériel requis est minimal : des chaussons, un matelas et un bout de rocher ou une salle d'escalade.

C'est aussi au Canada celle qui est la plus prisée sur le plan compétitif, comme en témoigne le circuit du Tour de bloc, une série de compétition à l'échelle du pays qui a lieu chaque année pendant la saison froide. Finalement, c'est la discipline qui sera pratiquée si la levée de fonds en vue de la Coupe du monde à Toronto fonctionne.

Les compétitions de bloc fonctionne selon un principe assez similaires à celles de voies, mais il y a plus de parcours, qui sont aussi plus courts. Dans le format "officiel", soit celui des compétitions de plus haut calibre, les grimpeurs disposent d'autant d'essais qu'ils le veulent pour réussir un parcours donné, mais ils doivent y parvenir dans un temps limité, soit quatre ou cinq minutes selon le format de compétition. Comme le bloc requiert principalement de la force et de la puissance, le temps alloué ne suffit pas à une récupération complète, et l'idéal est de réussir le parcours, appelé "problème", au premier essai. C'est ce qu'on appelle un "flash" (mais en réalité, il s'agit d'un à-vue dans les compétitions officielles, puisque les athlètes sont en isolation et ne voient pas ce que font les autres), et c'est qui donne le plus de points. Plus on prend d'essais avant de réussir, plus on perd des points. À la fin, on calcule les "Flash", puis le nombre d'essais, le nombre de "zone" (pris intermédiaire) et le nombre d'essais pour la zone, pour déterminer le classement.

La grande différence avec les voies, c'est que tu as plusieurs essais. En voie, si tu tombes, c'est terminé. Une erreur technique, un pied qui glisse, et c'est fini!

La vitesse


Voilà! On y arrive! La vitesse. C'est ce que la plupart d'entre vous ont en tête lorsque je parle de compétition d'escalade. Deux personnes qui s'affrontent sur des parcours identiques et sautent d'une prise à l'autre, tels de véritables singes. Ce n'est pas très joli, mais cela génère certainement une bonne dose d'adrénaline.

Malheureusement, cela pourrait être la discipline - et la seule - qui soit sanctionnée par le comité olympique, si sanction il y a. D'abord, parce que le principe est simple et facilement saisissable pour un non initié. Une course, un temps, un parcours connu et pratiqué régulièrement (depuis quelques années, les athlètes s'exercent sur le même parcours et établissent ainsi des records).

Je dis malheureusement, parce que pour la plupart des gens qui pratiquent l'escalade régulièrement et qui en font leur passion, ce n'est PAS DU TOUT ÇA que nous faisons. L'escalade est un sport lent, réfléchi, technique; pas une course effrenée vers sommet.

D'un autre côté, et pour avoir participé à une compétition de vitesse, je dois admettre que j'ai bien aimé l'expérience. J'ai toujours été du type sprinteuse, et je trouvais très facile de me mettre dans la zone mentale requise, puis d'exploser et de sauter de prises en prises pour atteindre le bouton tout en haut. J'ai même gagné la compétition, battant mon propre temps du début à la fin et y trouvant une certaine fierté.

Depuis pourtant, même si c'était bien divertissant, je n'ai pas réessayé de grimper de la sorte. Ce n'est pas là "l'esprit de l'escalade" je suppose. N'empêche que, compte tenu de mon gabarit (176 cm et 66 kg), je n'ai pas la carrure pour être championne de voies ou de bloc. Je serais donc certainement heureuse de me tourner vers la vitesse pour tenter de me présenter aux Olympiques de 2020!

Blague à part (je délire, je sais bien que j'aurai alors 40 ans lorsque l'escalade arrivera aux Olympiques), même si je veux voir l'escalade aux Olympiques, je pense qu'il serait important qu'on y retrouve les trois discipline. Et d'une certaine façon, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas. On retrouve le cyclisme sur route, le vélodrome, le vélo de montagne, et divers types de courses au vélodrôme. Pour un seul sport qui consiste à pousser sur des pédales! On s'entend, on prend un sport extrêmement simple, et il y a 10 compétitions différentes pour ce seuls sport! Alors trois type de compétitions en escalade, ce n'est quand même pas trop en demander!

Conclusion

J'adore mon sport et j'adore les Olympiques, c'est donc par pur égoïsme personnel que je voudrais voir l'escalade aux JO. Certains, qui aiment grimper dans l'ombre et qui n'aime pas l'engoument récent dans le sport préférerait que ce ne soit pas le cas. Ils craignent que trop de gens se mettent à grimper, que l'esprit du sport se perde, que les gens envahissent les falaises sans respect aucun.

C'est la rançon de la gloire, je suppose. Le monde évolue. Les choses ne peuvent demeurer telles qu'elles sont. L'escalade est appelé à devenir un sport olympique, à mon avis. Il est si agréable, si naturel et si beau de voir quelqu'un grimper. Tout le monde a grimpé des arbres, des clôtures, des jeux au parc dans son enfance. On en comprend le plaisir. Et je ne vois pas en quoi ce serait moins intéressant de voir une compétition de difficulté qu'une chorégraphie de nage synchronisée!

Alors voilà! Parlez-en, faites connaître le sport, participez aux compétitions et aux divers événements (corvées d'aménagement, Festivals, etc.) et sutout, n'oubliez pas d'aller faire un petit don, il ne reste plus que 18 jours :
http://www.indiegogo.com/TorontoWorldCup?c=activity





mardi 3 juillet 2012

Retour sur Kalymnos, ou l'Odissée



Telendos au coucher

Rares sont les grimpeurs qui ne voyagent pas. En effet, peut-être de par leur nature curieuse et aventurière, les grimpeurs et grimpeuses de ce monde ont souvent les yeux tournés vers la prochaine destination. Nomades des temps modernes, nous prenons soin de planifier nos vacances et nos longs week-end en fonction de la température, de nos temps libres et des endroits à visiter ou à revisiter.  

Parmi les destinations les plus prisées des varappeurs de tous azimut, la Grèce – Kalymnos en particulier – est souvent sur la liste, et pour cause! En effet, à peine arrivé sur l’île, et malgré la fatigue d’un long voyage (17-18 h minimum si l’on vient du Québec), j’ai vite compris pourquoi tant de gens étaient venus à Kalymnos avant moi. C’est parce que l’endroit est tout simplement paradisiaque.

J'aurais tant à dire sur ce pays, car toutes mes journées ont été remplies de moment magiques. Du début à la fin, j'ai ressenti cette effervescence si unique qui est l'apanage des voyageurs. Même à présent, une semaine après être revenue de ce moment de rêve, j'en ressens encore les bienfaits. 

Samia qui ne craint pas d'affronter les cactus de Telendos!

En route pour Telendos - une petite promenade à 2 euros
À Kalymnos, le vent nous eveloppe d'un parfum de thym, de romarin et de bien d’autres épices qui, à mon avis, apaisent immédiatement l’esprit. On oublie vite les quelques irritants causés par la chaleur et les moustiques dès que l'on regarde un lever ou un coucher de soleil sous l’œil apaisant de Telendos, la petite île de roche, sœur de Kalymnos. Telendos, qui compte également de magnifiques falaises, faisait partie de l'île il y a 500 ans et en a été séparée à la suite d'un tremblement de terre.  

D'ailleurs, l'île elle-même est très charmante. Elle n'a pas de route, et donc aucun véhicule, seulement quelques maisons, restaurants et auberges s'y entassent le long du petit port. Cela en fait un endroit très paisible. Pour les grimpeurs qui aiment être plus isolés, il pourrait s'agit d'une bonne solution de rechange. Il y a bien quelques touristes, mais rien de trop chargé.

Ainsi donc, je vous recommande fortement une visite en Grèce. C’est donc une destination vacance idéal pour le grimpeur qui n’a que quelques semaines libres par année, en plus d’être un paradis de stalactites et de « toufas ». Je peux vous assurer que malgré la chaleur de l'été et les quelques limitations pour ce qui est des falaises "potables", j'ai grimpé au moins chaque jour une voie mémorable. Et souvent plus d'une.  

Climat : de l’escalade en juin?



Ma plus grande crainte, avant de partir, était de ne pas pouvoir grimper à cause de la chaleur. Je savais qu’il était possible de grimper à l’année sur l’île, mais j’ignorais dans quelle mesure. De plus, je ne tolère pas particulièrement bien les grosses chaleurs, et je préfère de loin des températures plus modérées - dans les 20 degrés – pour pratiquer l'escalade ou tout autre sport. Cette appréhension a vite été dissipée, du moins au cours des premiers jours. En effet, nous avons eu la chance de bénéficier d’un vent clément et agréable pendant au moins trois jours. À l’ombre des parois, tôt le matin et jusqu’en début d’après-midi, nous étions agréablement rafraîchies par les effluves méditerranéennes.




J'étais alors certaine que cette température allait persister tout au long de mes 18 jours à Armeos, le petit hameau où se trouvait mon studio. Hélas! Cela n’a pas été le cas. Après quelques sorties, le vent a cessé et la chaleur est devenue plus difficile à supporter. N’empêche, il était toujours possible de grimper, mais il fallait partir avant 9h pour ne pas faire la marche d'approche au soleil. De plus, le retour en après-midi était souvent assez difficile, car Massouri, Arméos et Myrties, les trois hameaux où se logent la majorité des grimpeurs, sont orientés directemetn à l’Ouest. Le soleil y plombe donc tout l’après-midi jusqu’au coucher, et il est très difficile de supporter la chaleur entre 14h et 18h, parfois plus tard même, car il n’y a aucun arbre, aucun nuage, et donc très peu d’ombre.  

Les sites 


Par ailleurs, il est certain que l’on ne grimpe pas aux mêmes endroits selon les saisons. Il faut d’abord choisir les sites où il est possible de grimper assez tard en après-midi. En effet, même si on se lève tôt, la roche est souvent humide le matin à cause de la rosée. Certains sites sont aussi plus humides que d’autres, et donc moins recommandables. Il faut se rappeler que le type de roche prédominant, un calcaire blanc, a tendance à être plutôt glissant par temps humide. 

Mes sites de prédilections, ceux donc que j’ai visité à plus d’une reprise, ont été les suivants : Odyssey, Grande Grotta, Iannis et Spartacus. Par ailleurs, j’ai aussi eu la chance d’aller grimper à Ghost Kitchen, Kalydna, Panorama et Arhi. Voici donc une brève description quelque uns de ces sites. Je dois aussi dire que mon seul regret est de ne pas avoir eu l'occasion d'aller à Sikati Cave, une grotte - que dirais-je un trou! - apparemment incroyable, dans laquelle il faut descendre en rappel. Mais ce n'est que partie remise!

Odyssey 



C’est ici qu’a commencé et que s’est terminé mon voyage. Étrangement, ce n’était pas mon site préféré de prime abord. Je trouvais les voies dans le 6a+/6b+/6c plutôt patinées et pas nécessairement des plus intéressantes. Toutefois, j’y ai trouvé un petit projet l’avant-dernière journée, Island in the Sun, qui s'est avéré être parmi les plus belles voies que j’ai enchaînées au cours de mon séjours.  

Katerine Martin dans Marci Marc, 7c+

Katerine et moi  y sommes retournées à maintes reprises (quatre ou cinq fois) pour diverses raisons. D’abord, nous grimpons des niveaux assez différents, ce qui faisait en sorte que nous étions limitées dans le choix des parois. Ensuite, la saison limitait encore plus nos choix. Odyssey est l’un des plus gros secteurs, grimpable à l’année, et on y retrouve une quantité énorme de voies de tous les niveaux, du 6 au 8. Ainsi, Katerine et moi y avont toutes les deux enchaîné un petit projet lors de notre dernière journée à Kalymnos : Katerine a réussi Marci Marc, 7c+ et moi Island in the Sun, 7a+. C'était un très beau moment.  

Grande Grotta 

 


Avant de partir, c’est un des endroits qui m’intimidait le plus. Sans avoir vu la paroi, je me doutais qu’il s’agissait d’une énorme grotte déversante. Étonnamment, c’est probablement là que j’ai fait la voie qui m’a le plus marquée, et où j'ai vécu de fortes émotions en m’élançant de la paroi après y avoir enlevé la dernière dégaine en nettoyant la voie! Règle générale, je n’ai pas peur de me balancer dans la corde, j’aime même beaucoup la sensation d’être dans le vide. Et malgré tout, lorsque mon corps est parti à toute allure de la paroi, je n’ai pu retenir un cri incroyable de joie, d’excitation et de peur. Un vrai manège!  



C’était à mon premier essai dans DNA. Il s’agissait certainement de la voie la plus déversante que j’ai jamais grimpé. Dès les premiers mètres, j’ai eu le tournis, essouflée en raison de ma position presque horizontale et de mes abdos qui me coupaient la respiration. Même si les prises étaient énormes et généralement très bonnes, je devais prendre une pause à chaque plaquette, pour un total d’environ 7 ou 8 pauses pour me rendre au relais.


En redescendant, j’ai découvert ce que signifiait « nettoyer une voie » en Grèce. Après m’être battue pour enlever les dégaines du haut, je suis arrivée au trois dernières dégaines du bas. C’est là que Katerine m’a averti que je devais « regrimper la voie » pour éviter de frapper les rochers au sol! Épuisée, je ne savais pas si j’allais y arriver. Probablement poussée par la crainte de me fracasser au sol, je suis parvenue à retirer les première dégaines et à regrimper plusieurs mètre – presque la moitié de la voie. Assurée d’être suffisamment haute, je me suis lâchée sans aucune crainte, pour me rendre compte que je m'élançais bien plus vite que prévu! C'était génial! Un autre beau moment.

Un beau repos trouvé in extremis dans DNA (Photo: Caroline Praline)

Ghost Kitchen


Même si je n’y suis allée qu’une seule fois, je dois le dire d’emblée : il s’agit probablement de mon mur préféré! On y retrouve des voies de divers styles, à la fois verticales et déversantes. Les voies déversantes sont parsemées de toufas de toutes sortes, un véritable terrain de jeu pour grands enfants. Le mur est tout simplement magnifique et les voies sont de très grande qualité.  

La fin de Dafni, 6c+  (Photo: Marie-Claude)
Je n'ai pu y aller qu’à une seule occasion, mais je dois admettre que j’aurais aimé y passer plusieurs jours, puisque la majorité des voies sont dans le 6c et le 7a, soit plutôt dans mes cordes. C’est donc absolument à visiter pour quiconque grimpe dans ces cotes (ou moins forts) et veux s’initier à l’escalade tridimensionnelle ou pour se mettre en forme au début de séjour. À ce titre, je vous recommande Dafni (6c+), une des voies les plus étonnantes jamais vues. La description du livre-guide est en soi assez révélatrice : « Full-body contact climbing on huge stalactites mushrooms ». En effet, la voie est très déversante, et même si les stalactites sont immenses (on peut s'y coucher confortablement), chaque passage me demandait beaucoup de « jus ». J’ai donc « épousé » la roche autant que je le pouvais, m’y glissant, m’y graffignant sans relâche, pour terminer victorieuse après un 30 mètres de bataille épique.  

Iannis



Dans l'antre du dragon - Sevasti, 7b

J’ai beaucoup aimé Iannis. C’est un tout petit mur, qui accueille tout au plus une vingtaine de voies toutes très jolies. Assez semblable à Spartacus à certains égards – une petite grotte au milieu avec quelques stalatites et des murs verticaux ou en dalle sur les côtés -, mais avec des fins de voies parfois difficiles et techniques, avec des passages délicats sur des réglettes un peu glissante (du moins en été). J’ai adoré essayé Sevasti, un 7b assez court avec un début intéressant et un crux tout en puissance. Entre autres avantages, la marche d’approche est courte (15 ou 20 minutes) et assez facile, et on peut y grimper certaines voies à l’ombre jusqu’à 15h.   

Spartacus



Un autre mur incroyable que je vous recommande fortement. La marche est un peu plus longue que la Grande Grotta, mais certaines voies y sont à l'ombre jusqu'à 17h30 (le livre dit 18h, mais j'en doute. À 17h, il y fait déjà trop chaud). Je recommande d'y grimper Les Amazones, 6c, une voie superbe et variée.

Kerveros, 7a (photo: Marylène Pelland)


Kalydna


Kalydna est un mur un peu différent, avec plus de voies verticales et même en dalle. Je dois admettre que j'aime généralement les dalles et les voies techniques, mais ce n'est pas le style que j'ai préféré à Kalymnos. Le calcaire gris est très corosif et les mouvements me paraissaient souvent moins intéressants que ceux dans les dévers pleins de stalactites. Ce qui est agréables en Grèce, ce sont les prises, qui sont souvent originales et agréables à prendre. À côté de cela, le calcaire gris me paraissait moins vivant. L'autre élément ennuyant, c'est que les voies étaient assez loins les unes des autres, et il fallait passer sur des vires reliées par des cordes pour aller faire les voies tout au fond à droite. Pas très pratique quand le soleil se point à 15h.

Traverses sur corde à Kalydna

Le water soloing : découverte d’un merveilleux lagon


Le lagon bleu, vu du bâteau (Photo de: Marc-André)
 Évidemment, tout voyage qui se respecte doit comporter quelque chose de nouveau. Je n'avais jamais fait de watersoloing avant ce jour. Pour les néophytes, il s'agit de grimper sans corde n'y protection au-dessus d'un point d'eau.

Le site, un petit lagon bleu des plus enchanteurs, vaut définitement un après-midi de visite. Sans plus, j'ose avouer, car la roche n'offre pas des lignes incroyables. Elles est de piètre qualité et fait très mal aux mains et aux pieds, si on ose si aventurer sans chaussons.

Néanmoins, l'endroit, isolé et calme, avec ses eaux turquoises, en vaut bien le détour.

Marc-André s'élance


L’hébergement


Je dois remercier vivement Adonis Galouzis et sa compagne Poppy pour avoir teinté mon séjour d'une note tout à fait authentique et pittoresque. Le couple dans la soixantaine, tout à fait charmant, ne parlait que le Grec. Poppy nous confectionnait des repas typiques - ou enfin de son crû - presqu'à tous les jours, en plus de nous saluer et de nous inviter de temps à autres pour nous parler en Grec pendant des moments interminables. Ah, que de bons souvenirs!

L'endroit était certe un peu plus cher que d'autres studios (50 euros pour 4 personnes; comparativement, j'ai connu des gens qui payaient 28 euros pour 4 personnes ou 17 euros pour deux pendant la même période de l'année), mais il était très confortable. Par confortable, j'entend un air climatisé qui fonctionne, une salle de bain munie d'une vraie douche, une grande cuisine munie d'une vraie cuisinière et d'un frigo, et une très belle terrasse - quoique plutôt dangeureuse pour la gamine de 3 ans qui nous accompagnait et qui a failli à mainte reprise passer par-dessus bord. Enfin! 

 

Les amis et autres rencontres



Dernier souper à Arméos avant le grand départ (Photo de: Marylène et Nicolas)
Finalement, ce qui nous fait réellement aimer un endroit, ce sont souvent les gens qu'on y rencontrent. Déjà, j'ai eu la chance de partie avec une amie et partenaire d'escalade extraordinaire, Katerine Martin, ainsi qu'avec sa mère et sa fille de trois ans, qui ont toutes égayé mes journées. Ensuite, j'ai eu la chance de me lier à nos hôtes tout à fait charmants. Nous avons fait bien des rencontres, mais je dois dire que j'ai particulièrement côtoyé des Québécois ou des francophones, et bien apprécié apprendre à mieux connaître mes voisins de Hull, Caroline et Félicien (étrangement, c'est en voyage qu'on s'est le plus lié d'amitié), ainsi que deux autres grimpeurs de Montréal, Nico et Marylène. Il y a aussi eu bien sûr la petite famille de Québec, Marie-Claude, Marc-André et les très gentilles (et excellentes grimpeuses en devenir) Eve et Mia. De même que nos voisins de chambre, Isandre, Sébastien, Kana et Michel, qui nous ont bien fait rire, jour après jour. Et aussi, je dois sincèrement remercier Myriam et son copain Simon, guide à Kalymnos, pour leur entrain, leurs conseils, et l'aide précieuse de Myriam à titre d'interprète!

Ève l'air songeur - Mia, qui se repose dans le premier toufa de Dafni
Samia et moi en sortant du petit avion, à Kalymnos

Ok, petite série de photos du même moment, Samia et moi sur la plage, parce qu'elles sont trop belles:









Alors voilà, j'espère que je vous ai fait rêver un peu!

+++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++++

Et pour continuer le voyage, pour que vous sentiez vraiment ce que j'ai ressenti, voici un petit vidéo fait en Grèce par des locaux. La première partie, la voie Alfredo Alfredo, se trouve à Odyssey. La seconde partie est dans un nouveau secteur à ce que dit le vidéo, mais j'ignore où.

http://vimeo.com/44916238

Je suis certaine qu'en regardant le vidéo, vous sentez le vent dans vos cheveux, l'air salin, le romarin, la roche douce ou rêche sous vos mains. Vous avez les mains moites? Allez vite, planifiez votre prochain voyage dans les îles grecques! L'économie grecque en a bien besoin, et les gens y sont fantastiques, aucun souci là-dessus!

dimanche 27 mai 2012

Le temps des récoltes : atteindre ses objectifs

Dimanche matin - Journée de repos, je vais encourager
 les marathoniens
D'ici une semaine, je m'envolerai pour une splendide île de pêcheurs d'éponge appelée Kalymnos, afin de gravir ses stalactites de calcaire qui surplombent l'océan. Il y a maintenant plus deux mois, j'ai attaqué de front trois gros projets sportifs et personnels qui ont été extrêmement exigeants mentalement et physiquement. Courir un 10 km lors du Ottawa Race Week End, reprendre l'escalade trois jours semaines - en espérant revenir à mon niveau d'il y a trois ans - et passer un examen d'admission à la maitrise en interprétation.

Ça été une pure coïncidence, mais ces trois gros événements avaient tous lieu la même semaine! C'est donc dire que je devais planifier avec soin mes entraînements, mes repas, mes heures de sommeil et mes jours de repos. Le plus dur a probablement été d'étudier, parce qu'après des journées entières à traduire (c'est mon travail), j'ai bien souvent juste envie de décompresser en me défoulant dans le sport, et non de lire et d'étudier.

En gros, les deux derniers mois on ressemblés à ceci: deux jours d'escalade au gym, une journée à l'extérieur le week-end, deux ou trois courses par semaine, au moins une longue (8 à 12 km) et une journée avec des intervalles, une journée de repos complet, trois ou quatre jours de vélo à rythme assez lent (10 à 20 km). Comme j'alternais une journée de course, une journée d'escalade, je traînais toujours une certaine fatigue (même si je dois admettre que la course m'aide à récupérer de la grimpe); je faisais donc surtout des séances sous-maximales, avec de bons échauffement et un maximum de voies.

Éventuellement, j'ai commencé à mettre en place un plan d'entraînement qui ressemblait à celui mis à l'épreuve en course, soit une journée de grimpe sous-maximale, une journée avec des voies plus difficiles et une journée sans plan particulier (généralement à l'extérieur).

Lorsque j'ai écrit mon billet du mois dernier sur l'endurance fondamentale, j'avais repris sérieusement l'escalade depuis deux ou trois semaines, à deux jours semaines. Après la rédaction du billet, je me suis remise à trois jours semaines à un rythme constant. Ça me fait extrêmement de bien mentalement, parce que l'escalade est ce que j'aime le plus au monde, et lorsque j'en fait régulièrement, après deux jours sans grimper, j'ai déjà envie d'y retourner!

 Je prévoyais donc faire 3 semaines d'endurance fondamentale, soit des 20 à 30 minutes sur le mur ou des escaliers russes (grimper jusqu'à la première dégaine, dégrimper, grimper jusqu'à la deuxième, dégrimper, et ainsi de suite), deux jours semaines au gym et une journée à l'extérieur, sur de la vraie roche.

Évidemment, comme c'est souvent le cas dans ce genre d'entraînement, il a été difficile pour moi de trouver des partenaires motivés à assurer ou à grimper 20 minutes, et aussi de trouver des voies au bon niveau lorsque le gym est plein à craquer. Mais peu importe la séance, je commencais toujours par un échauffement rigoureux de 20 à 30 minutes, soit en arrivant à vélo du travail suivi de quelques traverses ou en m'échauffant au gym avec des jumping jack, de la corde à sauter, des pompes, des abdos, des poids et deux trois traverses faciles de cinq minutes chacunes.

Je ne dirais pas que mes entraînements d'escalade étaient très structurés, surtout lorsque je les compare à mes entraînements en course, réglés au quart de tour, mais j'ai tout de même suivi un plan général qui m'a permis de ne pas me blesser et de soigner les petits bobos qui me restait, et, surtout, de retrouver la forme.

Depuis deux semaines, j'ai remis l'accent sur des séances d'escalade plus "typiques", en grimpant progressivement des voies de plus en plus difficles, et en essayant une ou deux voies près de ma limite à vue ou légèrement au-dessus. Ça me fait du bien, car je sais que je peux les réussir ces voies en deux ou trois essais, et j'ai personnellement besoin de petites réussites pour m'améliorer. Chaque voie réussie me motive à continuer et m'aide à améliorer ma concentration, surtout dans les fins des voies.

Donc, à une semaine de mon départ pour la Grèce - et je vous dis cela tout en préparant doucement mes valises - je me sens fin prête. J'ai couru un 10 km hier soir au soleil plombant, dans une foule de 10 000 personnes. J'ai réussi, malgré une mauvaise grippe qui m'a mis au carreau toute la semaine, à le faire en moins de 60 minutes (il faut savoir que je suis une piètre coureuse, alors c'est pour moi un exploit!). Je n'ai pas réussi mon examen d'admission à la maîtrise, mais je crois m'être assez bien débrouillée et j'y mettrai plus d'énergie l'an prochain. Enfin, j'ai réussi quelques 5.11 + à l'extérieur et au gym, sans être fatiguée le soir en allant me coucher, ce qui m'indique que je peux encore aller plus loin.

Si je n'avais eu qu'un seul objectif, j'aurais pu me donner à fond pour atteindre celui-ci et peut-être obtenir des résultats supérieurs. Mais je suis fière d'être parvenue à gérer parrallèlement trois gros projets, malgré le stress et la fatigue engendrée.

Aujourd'hui, je me suis levée le sourire aux lèvres et les jambes lourdes. La semaine qui m'attend en est une de repos. Je ne courrai pas trop, je ne grimperai pas trop. C'est la période de surcompensation qui commence, et je crois avoir assez bien géré mes efforts et mes repos pour que les prochaines semaines soient remplies d'autres belles réussites.

Le "Chapeau magique" ('Send hat') pour un week-end à Rumney réussi



Merci à Katerine Martin, Marianne Girard, Frédéric Lapointe, Catherine Gieysztor, Olivier Plamondon, Caroline Craig,  Tatiana Picard, Christiane Palluau, Mìchèle Conlin, Mike Johnston, et à tous les autres qui m'ont motivée, encouragée, inpirée et accompagnée au cours des dernières semaines. J'ai eu beaucoup de plaisir, mais je dois admettre que je n'ai pas toujours été des plus faciles à vivre - parfois irritable ou impatiente en raison du stress et de la fatigue -, et vous m'avez tous aidés, chacun à votre façon. :)

jeudi 19 avril 2012

L'endurance fondamentale en escalade



Entraînement de du lundi 16 avril 2012 : endurance fondamentale.

Échauffement Général : 10 minutes
Sauts à la corde, jumping jack, ballistique, push up, doigts, rotations d'épaule

Échauffement spécifique : 5 minutes
Traverses faciles

Séance: 1 h (2 h en tout pour assurer le partenaire)
3 fois 20 minutes de grimpe en continu

Présentation
À l'instar de plusieurs autres sports de longue haleine, l'endurance fondamentale peut se révéler très utile en escalade, surtout pour les grimpeurs de voies. Pourtant, c'est un aspect souvent négligé, et même totalement ignoré par la plupart des grimpeurs. Pourquoi? Parce que cela demande de faire des mouvements très faciles sur une longue durée, ce qui va souvent à l'encontre de l'escalade moderne (faire les trucs les plus durs possibles). Les bienfaits d'un entraînement type comme celui présenté sont toutefois incroyables!

Cet entraînement est tiré du site d'Eric Horst, le gourou de l'entraînement en escalade. Il y suggère un cycle d'entraînement de 10 semaines qui commencent par quatre semaine d'endurance, suivies de trois semaine de force et de deux semaines de résistance (power endurance) et qui se termine par une semaine de repos.

Le terme "endurance fondamentale" vient en fait la course à pied. On entend plus souvent parler d'endurance - tout simplement - dans le monde de la grimpe. Toutefois, l'endurance, comme les autres filières énergétiques (p. ex. force, résistance) se subdivise en de nombreuses sous-catégories. J'ai donc trouvé que ce terme convenait parfaitement à la séance proposée par Eric Horst.

En endurance fondamentale, comparativement à l'endurance active, les bras ne sont jamais "pompés" (avoir les bouteilles, en France). Si l'endurance en soit signifie simplement que l'on enchaîne plus de 40 mouvements, l'endurance fondamentale se situe plutôt à plus de 200 mouvements.

Au cours de l'entraînement, votre rythme cardiaque devrait normalement se situer entre 60 et 75 % de votre force cardiaque maximale (FCM). La formule la plus connue pour calculer la FCM, et la plus simple est : FC max = 220 – age. Cette formule n’est pas fiable, elle constitue simplement un point de repère si vous ne voulez pas faire un test plus précis auprès d'un professionnel. Elle est basée sur un système de moyenne, qui émane de données dispersées. (Source: http://www.conseils-courseapied.com/physiologie/frequence-cardiaque-entrainement-course-a-pied.html)

Personnellement, je n'ai jamais utilisé de moniteur de fréquence cardiaque pour mes entraînements d'escalade, mais je pense le faire éventuellement. Ce serait une bonne façon de mesurer l'effort fourni et d'éviter les blessures. En effet, celles-ci surviennent le plus souvent lorsque l'effort avoisine les 80% de la FCM et le dépasse sur une trop longue durée.

Eric Horst conseille de faire ce genre d'entraînement (3 fois 20 minutes ou 2 fois 30 minutes en continu) 3 à 4 fois par semaine pendant 4 semaines. Personnellement, je ne peux pas le faire plus de deux fois semaines, principalement en raison de mon type de peau. J'essaie donc de compléter par une ou deux journées à l'extérieur ou par une journée libre à l'intérieur.

Détails
L'entraînement se fait en moulinette. Pourquoi? D'abord, surtout parce que c'est plus rapide et plus pratique. On grimpe, on prend à sec, on redescent très vite et on repart. On peut bien sûr d'abord grimper la voie en tête et ensuite continuer en moulinette pour le temps qu'il reste. L'important, c'est que les voies soient assez faciles pour ne jamais avoir mal et ne jamais tomber. Il ne FAUT PAS tomber, sinon, on ne travaille pas la bonne filière énergétique. On peut varier les vitesses pour travailler divers aspects de la grimpe, grimper très lentement, puis très vite. Cependant, si l'on va trop vite, on risque de faire monter le rythme cardiaque au-delà du rythme visé (60 à 75% de la FCM).

Je trouve aussi plus agréable de choisir un endroit où il y a plusieurs voies au niveau visé (par exemple, pour moi, 5.7-5.8-5.9) que l'on peut enchaîner une après l'autre. C'est moins lassant. On peut aussi prendre toutes les prises ou en profiter pour faire des exercices de gestuelle (placer les pieds sans faire de bruit, faire des petits pas, etc.). Enfin, tout est possible, tant que l'on grimpe pendant 20 à 30 minutes. Dans une séance normale, il est facile de grimper 20 à 40 voies sans jamais avoir les bras gonflés et endoloris. C'est génial!

C'est la troisième fois que je fais ce type d'entraînement, et chaque fois j'ai eu des résultats très positifs. Le plus difficile, c'est de trouve un partenaire avec qui le faire, et de se forcer faire plusieurs séances (bref, être déterminé).

Les premières fois, je trouvais cela très difficile, mentalement, de rester sur le mur 20 minutes. Il fallait que mon partenaire me pousse et m'encourage, me crie après même. Cependant, après deux ou trois séances, j'ai commencé à aimer cela et j'ai ressentit une amélioration immédiate.

Voici quelques uns des bienfaits que j'ai notés :

- amélioration de l'endurance (évidemment!)
- amélioration gestuelle (repos, pose de pied, respiration, mémorisation des mouvements)
- amélioration générale du mental (concentration, confiance, être calme)
- récupération accrue

Entraîner l'endurance fondamentale aide beaucoup à améliorer l'aspect mental de l'escalade. D'abord, parce que l'entraînement se termine toujours par une "réussite", ce qui permet d'augmenter la confiance. Ensuite, parce que l'on s'habitue à rester concentré longtemps, à ne pas lâcher, et on entre dans une "zone" assez particulière où il n'existe plus rien que le prochain mouvement.

Alors voilà ce que j'ai fait lundi, en préparation de mon voyage en Grèce dans un mois et demi. J'ai sué, j'ai bougé, et j'ai enchaîné 25 voies en 5.7-5.8 sans aucune douleur (à part mes doigts qui continuent à enfler, mais bon).
Avant de commencer ce type d'entraînement, assurez-vous qu'il convient à vos besoins. Posez-vous quelques questions. Avez-vous tendance à tomber à la fin des voies? Avez-vous du mal à récupérer après une voie ou après une séance? Est-ce que vous devez immédiatement "pompé" au moindre dévers. Grimpez-vous moins de 6 voies dans un séance au gym? Si vous répondez non à la plupart des questions, vous avez probablement déjà une bonne dose d'endurance, et un entraînement axé sur la force ou la résistance serait peut-être plus avisé. Si vous avez répondu oui, je vous conseille de vous trouverz un partenaire motivé le plus vite possible avant que la saison de grimpe extérieur ne batte son plein!

Pour en savoir plus, je vous suggère d'aller lire le site d'Eric Horst (en anglais seulement)(http://www.bodyresults.com/s2endurance.asp) ou de consulter certains de ses livres.

Je vous invite également à lire un billet précédent que j'ai écris sur l'entraînement en général et sur la façon de cerner ses objectifs: http://lefildaryane-trouversavoie.blogspot.ca/2010/05/sentrainer-mais-par-ou-commencer.html

Bon entraînement à tous!

vendredi 23 mars 2012

Amis de la planète, manifestez-vous!

Bon, vous n'allez peut-être pas me croire - et je suis la première étonnée -, mais il y a 5497 pages de mon blog qui ont été lues depuis que j'ai commencé à l'écrire, il y a de un peu moins de deux ans. Mais le plus étonnant, c'est que j'ai découvert qu'il était possible de savoir de quel pays provenait les visiteurs. Sans étonnement, je constate que la majorité sont au Canada; je ne me serais pas attendue à autre chose. La surprise, c'est qu'il y une grande partie de visiteurs Français (ou peut-être des Québécois en France), Américains, Belges, Russes... voyez vous-même la liste ci-dessous, même des Slovènes. Je suis abasourdie! Et pourtant, rarement de commentaires, bons ou mauvais. Des lecteurs fantômes... à moins qu'ils soient simplement tombé sur le blog pour très vite passer à autre chose.

Enfin, si vous prenez la peine de lire ceci, s'il-vous-plait, laissez-moi un petit commentaire! Ce qui vous passe par la tête! Votre nom, votre pointure de chausson, votre marque favorite, vos spots favoris. N'importe quoi, vraiment. Amis de la planète, grimpeurs et grimpeuses, manifestez-vous!


Canada
  3 264
France 
1 107
États-Unis
  193
Belgique 
128
Allemagne 
115
Russie  
86
Suisse  
83
Pays-Bas
   37
Royaume-Uni  
32
Slovénie
  26

Le soleil des îles m'appelle! Kalymnos, j'arrive!

Le retour du soleil, un peu précipité en ce mois de mars d'ordinaire hivernal, nous invite instantanément à mettre le nez dehors, à vélo, à pied ou peu importe la façon! Même certaines terrasses ont sorti leurs tables, ce signe québécois incontestable que nous plongeons dans l'été à pied joints! Comme si l'appel de l'été n'était pas suffisant, je me suis remise à la course et au vélo, et j'ai acheté mes billets pour Kalymnos! Je pars trois semaines en juin avec cette chère Katerine Martin, sa petite fille de deux ans et sa mère.

Bon je sais, juin, ce n'est peut-être pas le mois idéal pour aller en Grèce, il va faire chaud et on va suer en masse! Je n'avais pas beaucoup de flexibilité pour les dates, et j'avais vraiment besoin de vacances; en plus, ça coïncidais avec les disponibilités de Katerine, avec qui j'essaie je planifier ce voyage depuis quelques mois. J'essaierai de vous garder au courant de nos prouesses pendant le voyage, et je vous dirai si oui ou non, ça vaut la peine d'y aller à cette période de l'année.

Donc, motivées par notre nouveau projet de voyage, nous devons maintenant nous remettre un peu dans le bain pour être d'attaque. Kat vient d'arrêter pendant près de deux mois à cause d'un doigt bien enflé et raide, et moi je ne grimpe plus qu'à un jour semaine (en bloc) depuis plusieurs mois. Avec trois mois devant nous, on s'est dit qu'on n'avait pas trop besoin de se presser. Moi, parce que je ne suis pas tellement du genre à m'entraîner pour un voyage, en général, je veux juste profiter du voyage et faire le plus de voies possibles. Kat, parce qu'elle, peut importe ce qu'elle fait, elle est super forte! Pouah, j'espère que tu lis ça Kat!

Armée de notre super adhésion du Club alpin de l'outaouais, on a décidé de continuer à jouer les fonctionnaires cheap en grimpant deux jours semaines. Une journée de voies à Altitude, une journée d'entraînement à Vertical Reality (avec l'abonnement CAC, on grimpe à moitié prix les lundis à Altitude, les mercredis au Coyote et les jeudis au VR) . Comme les gyms en Outaouais sont très différents, ça permet de varier. Pour se remettre dedans, on fait du volume. On a pas un plan très clair d'établi, surtout que nous avons toutes les deux des forces et des faiblesses très différentes. Kat est statique, avec une endurance assez phénoménale. Moi, je suis toute en puissance et en force, avec une endurance plutôt moyenne.

Pour contrer cela, je me suis mise à la natation et à la course cette année. Mais malgré tous les efforts mis à améliorer mon cardio - et il s'améliore, je vous le dis - Kat a encore 1 fois et demi à 2 fois plus d'endurance que moi. J'ai quand même bon espoir de la rattrapper d'ici juin et d'arriver à la suivre dans ses projets, pour une fois que ce ne sera pas moi qui va poser les moulinettes!

Kalymnos est connu pour avoir des voies très longues, ce qui ne cadre pas avec mon style habituel. Quand j'ai appris qu'il y avait des voies à 20 dégaines, j'ai failli m'évanouir. Vingt dégaines?!? Ha ben là, je vais en grimper une par jour à ce prix-là! Ouf, je suis déjà épuisée rien que d'y penser. Sans blague, j'aime les longues voies en multi-pitch, des longues voies faciles, mais pas 35 mètre de gros dévers! Enfin, on verra bien, peut-être qu'avec son magnifique calcaire, ses colonettes et ses stalactites, la Grèce va me faire changer d'avis.

Donc, même si mon plan d'entraînement est plutôt confus pour l'instant, je sais que je dois faire du volume, de l'endurance, de la "conti" comme disent les français (je n'ai jamais compris la différence entre conti et endurance, j'aimerais bien qu'on me l'explique). L'endurance, par contre, je connais. En terme de mouvement, c'est plus de 40 mouvements. Pour moi, l'idéal pour améliorer l'endurance, c'est de faire 20 à 30 minutes en continu en moulinette, en répétant plusieurs fois. Mais pour l'instant, on a décidé de commencer encore plus molo, en grimpant 2-3 voies de suite (deux lundi de suite), jusqu'à un total de 10-12 voies en 2h (en tout). Il faut dire que les prises toutes neuves à Altitude ne sont pas très invitante pour un vingt minute en continu. Elles font vraiment mal aux mains, même pour un grimpeur expérimenté!

Puis, les jeudis (deux fois jusqu'à maintenant), on s'est fait des séries de longues traverses à VR. Cinq minutes de traverses, 7 minutes, 10 minutes, 10 minutes, 10 minutes, etc., avec des repos d'environ la moitié du temps. Le tout suivi de quelques abdos et exercices pour renforcer la chaine abdominale (gainage) et entrecoupé de quelques tractions pour voir si on peut encore en faire (bof...). Évidemment, on va orienter une bonne partie de nos entrainements vers les dévers et les gros bacs. De toutes façons, on a assez mal aux doigts toutes les deux, et il n'y a pas trop de réglettes en Grèce, à ce qu'on dit.

Bref, de petites séances pour l'instant, qui vont probablement s'intensifier au fil des semaines. Je vous tiendrai au courant!